Le modèle économique basé sur le schéma linéaire « extraire-produire-utiliser-jeter » atteint aujourd’hui ses limites. Depuis des années, nos modes de consommations répondant aux principes de l'économie linéaire, la productivité industrielle et la propriété individuelle, ont occulté les dimensions environnementales de nos préoccupations, engendrant de la pollution et une hausse des températures préoccupantes.
Visant à découpler la croissance économique, le concept de l’économie circulaire permet de limiter l’extraction de matières premières, de régénérer les ressources utilisées et de créer des emplois grâce à l’innovation sur de nouveaux modèles économiques. L’économie bleue apparaît comme la seule alternative possible au modèle d’économie linéaire actuel.
Economie linéaire vs circulaire : les différences
Qu’est ce que l’économie linéaire ?
L'économie linéaire répond à une mentalité industrielle dans laquelle la production et les ressources sont considérées comme illimitées, et les avantages économiques sont placés au-dessus de tout autre critère. Ce système remonte à la révolution industrielle et depuis, il est devenu le modèle dominant sur le marché.
Néanmoins, l'économie linéaire devient insoutenable et présente divers problèmes qui auront de graves conséquences à court, moyen et long terme :
- Surproduction : de nombreux produits sont mis sur le marché en grandes expéditions et tous les produits ne sont pas vendus.
Cela conduit à des stocks excédentaires sur lesquels l’entreprise perd de l’argent. - Cycles de vie réduits : les cadences accélérées de production et de consommation conduisent à une production proportionnelle de déchets.
Bien que cela puisse générer des revenus à court terme, cela peut avoir un impact négatif sur l'économie des utilisateurs. - Accumulation de déchets : les cycles de vie accélérés provoquent l’accumulation débridée de déchets, qui dans de nombreux cas, peuvent être nocifs pour l’environnement.
Un exemple clair en est le plastique, un matériau qui ne fait pas nécessairement partie du produit lui-même, mais de son emballage. Ces déchets contribuent au réchauffement climatique. - Épuisement et surexploitation des ressources naturelles : cela entraîne l'augmentation du coût de ces ressources. Ceci s'applique aux matières premières telles que les minéraux et les combustibles fossiles.
Le concept de l'économie circulaire
La définition de l'économie circulaire est présenté pour la première fois en Europe par l’Allemand Michael Braungart et l’Américain William McDonough sous le principe de la théorie « Du berceau au berceau » qui met en évidence une utilisation de matières premières biodégradables et/ou de matières premières synthétiques, dans une démarche d’éco-conception avec pour objectif l’économie circulaire des matières premières.
Cependant, face à la crise énergétique, à l’épuisement des matières premières et à l’augmentation des déchets, des ingénieurs ont conçu un schéma industriel où les coproduits, sous-produits et déchets d’une entreprise deviennent les ressources d’une autre.
Ils conçoivent une plateforme industrielle regroupant des entreprises complémentaires, qui se développent dans une symbiose industrielle génératrice de profits, tout en protégeant l’environnement. C’est sur ce principe que le concept de l’économie circulaire est mis en place depuis le début du XXIème siècle et développé dans différents pays de la planète.
Ainsi, la définition de l'économie circulaire prend en compte :
- Les différentes crises énergétiques qui se sont succédées à la fin du XXème siècle
- L’augmentation exponentielle de la population
- La raréfaction à la fois des ressources biologiques et techniques
- Le réchauffement climatique
- La demande croissante en ressources minérales spécifiques nécessaires à la réalisation de nos outils modernes et numériques
Elle met en évidence que le modèle de l’économie linéaire n’était ni viable ni durable. Une prise de conscience collective a permis d’engager les démarches sur la réduction des impacts environnementaux.
Définition de l'économie circulaire : de la théorie à la pratique, pour un développement durable
Définition de l'économie circulaire par l’ADEME
L’ADEME donne une définition très pragmatique de l'économie circulaire pour une mise en place durable et efficiente.
Pour l’ADEME, l’économie circulaire est « un système d’échange et de production qui vise à augmenter l’efficacité de l’utilisation des ressources et à diminuer notre impact sur l’environnement ». Elle traduit l'économie circulaire par un ensemble d’actes et de mobilisations qui peuvent se décliner en 7 champs opérationnels répartis dans 3 domaines d’action.
- L’approvisionnement durable : elle consiste à s’approvisionner et à consommer des ressources renouvelables et non renouvelables convenablement. Il est préférable d'exploiter des énergies renouvelables afin de limiter l’impact sur l’environnement et que des ressources soient encore disponibles pour les générations futures.
- L’éco-conception : c’est la conception d’un bien, d'un produit ou d’un service en utilisant des concepts qui permettent de réduire l’empreinte environnementale de l’objet tout au long de son cycle de vie et en préservant ses qualités ou performances.
- L’écologie industrielle et territoriale : elle vise à optimiser l’utilisation des ressources dans une logique de mutualisation et d’échange par des acteurs économiques d’un territoire afin de les économiser ou bien d’en améliorer la productivité.
- L’économie de fonctionnalité : elle s’inscrit dans une démarche de transition vers une économie verte. Elle permet de remplacer la notion de vente d’un bien par celle de la vente de l’usage de ce bien, ce qui entraîne le découplage de la valeur ajoutée et de la consommation d’énergie et de matières premières.
- La consommation responsable : elle concerne la prise de conscience de l’impact de notre consommation quotidienne sur la planète, sur l’économie, sur la société, et également sur notre santé. L’économie circulaire permet de mesurer nos modes de consommation et leur impact sur l’environnement.
- L’allongement de la durée d’usage : elle se base sur 3 principes qui sont la réparation, la vente ou l’achat d’occasion.
- Le recyclage : c’est un procédé de traitement des déchets, industriels comme ménagers, de produits arrivés en fin de vie, qui permet de réintroduire certains de leurs matériaux dans la production de nouveaux produits.
Définition de l'économie circulaire par la fondation Ellen MacArthur
La définition de la fondation Ellen MacArthur considère l’économie circulaire comme « un cycle de développement positif continu qui préserve et développe le capital naturel, minimise les risques systémiques par la gestion des stocks et optimise le rendement des ressources et des flux de ressources. Un système qui demeure efficace quelle que soit l’échelle ». Elle distingue les cycles biologiques et les cycles techniques.
Cette définition vise la mise en place de boucles courtes. Le recyclage vient en dernier recours dans la hiérarchie des modes de traitement des déchets, pour les matières n’ayant pu être valorisées et réutilisées.
Les autres définitions de l'économie circulaire
Lorsqu’on parle d’économie circulaire, on emploie également le terme “économie positive”, voire celui d’écolonomie. Ces derniers désigne une croissance économique “qui contribue positivement aux bilans environnementaux et sociaux”.
Vers une économie bleue ?
Chaque déchet que nous produisons peut être le sujet d’une réflexion autour de la circularité, et potentiellement donner naissance à de nouveaux modèles socio-économiques. Les champs d’investigations sont ouverts et évolutifs, les opportunités autour de l’économie bleue se révèlent.
Par définition, l’économie bleue cherche à promouvoir la croissance économique, l'inclusion sociale et la préservation des moyens de subsistance tout en garantissant la durabilité environnementale des océans et des zones côtières. Ce concept réconcilie les notions d’économie et d’écologie puisqu’elle rentabilise la production de déchets.
En cela, l’économie circulaire et l’économie bleue ne sont pas des phénomènes de mode : elles sont un changement de paradigme qui invite notamment les citoyens à modifier ou améliorer leurs comportements et leurs actions au quotidien.